article de Thierry Hillériteau, La Vie, mars 2016
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source image : Site fr.pickture.com
La mise en scène s’inspire du cinéma surréaliste tchèque, avec des incrustations de personnages en prises de vue réelles dans des gravures.
La Vie - jeudi 31 mars 2016
Par Thierry Hillériteau
Tout ce qu’elle touche, Louise Moaty le transforme en source d’émerveillement. Rinaldo, de Georg Friedrich Haendel, sa première grande création, en 2010, à Caen ? Un éblouissant hommage aux « pièces à machines » de l’époque baroque, avec leurs mises en scène spectaculaires, qui la révèle au grand public. Vénus et Adonis, de John Blow, sa récidive à Caen, en 2012 ? Un fascinant spectacle grâce à son jeu d’ombres et de lumières. L’Empereur d’Atlantis, de Viktor Ullmann (composé dans le camp de concentration de Terezin), monté par la compagnie Arcal en 2013 ? Une succession de paysages lunaires et de ciels lumineux d’une fulgurance poétique inouïe.
On attend donc beaucoup de sa seconde collaboration avec la compagnie lyrique dirigée par Catherine Kollen, dont l’objectif est de rendre l’opéra accessible au plus grand nombre par des productions légères destinées à tourner partout en France.
Louise Moaty s’attaque ici à un trésor national de la culture tchèque, cette Petite Renarde rusée. Nouveau coup d’essai, nouveau coup de maître.
Elle revient aux sources mêmes de cet opéra de Leoš Janáček destiné aux enfants, dont le livret, écrit au début des années 1920, s’inspire d’un feuilleton illustré du quotidien local Lidové Noviny. Louise Moaty prend le parti de rendre hommage au cinéma surréaliste du Tchèque Karel Zeman, qui utilisait l’incrustation de personnages en prises de vue réelles dans des gravures de Gustave Doré. Le résultat est un travail virtuose et poétique inspiré des premières illusions d’optique et de la lanterne magique, inventée par Christian Huyghens au XVIIe siècle.
Dans la fosse, Laurent Cuniot et son ensemble TM+ réussissent, quant à eux, la prouesse de rendre, au moyen d’un effectif orchestral réduit, la foisonnante sensualité de la partition de Janáček aux frontières de l’animisme et de l’anthropomorphisme. Un rêve éveillé.